Flash Marché – Octobre 2022 – Pourquoi tant de stress sur les marchés ?

Certes le contexte n’est pas des plus florissants mais l’environnement économique n’a que très peu évolué en septembre : l’inflation reste élevée et pousse les banques centrales à continuer de resserrer leurs politiques monétaires de part et d’autre de l’Atlantique. En effet, l’inflation aux USA a ralenti moins qu’attendu (8.3%), ce qui a poussé la FED non seulement à monter ses taux de 0.75% à 3.25%, mais surtout à durcir le ton en se montrant déterminée à réduire l’inflation quoi qu’il en coute. Ainsi, le Président de la Réserve Fédérale n’a pas hésité à confirmer que leur politique monétaire étouffera la croissance, augmentera le chômage et pourra provoquer une récession car c’est le prix à payer pour contrer cette inflation destructrice.

Les taux à 10 ans des emprunts d’État aux USA ont ainsi grimpé de plus de 0,6% sur le mois de septembre, illustrant le scénario de la FED avec des prévisions de taux courts à 4,4% pour fin 2022 et 4.6% pour fin 2023.

Coté européen, si la situation diffère un peu, l’inflation étant plus liée à la hausse des matières premières énergétiques, la BCE est elle aussi engagée dans une démarche volontariste de hausse des taux. Il sont sont ainsi repassés en territoire positifs après son relèvement à 0.75%. Face à des prévisions d’inflation revues en hausse à 8.1% pour 2022 et 5.5% pour 2023 (l’inflexion n’étant attendue qu’en 2024), Mme Lagarde a donc confirmé que d’autres hausses suivraient, même si les prévisions de croissance étaient quant à elles d’ores et déjà revues à la baisse.

Mais le pic de stress n’a été ni américain ni européen mais anglais.

En effet, alors que le pays était déjà dans une situation économique délicate suite au Brexit, la hausse des prix de l’énergie et la baisse de la hausse du dollar face à la Livre sterling (le dollar étant la devise d’importation) impacte lourdement la Grande Bretagne. 

Dans cette spirale inflationniste, la Banque d’Angleterre elle a aussi dû continuer la remontée de ses taux directeurs initiée fin 2021, mais elle agit alors même que le pays est entré en récession.

Comme si cela ne suffisait pas, le nouveau gouvernement a annoncé un plan de relance avec notamment des mesures de réduction d’impôts, financées uniquement par de la dette. Les marchés obligataires se sont logiquement tendus tandis que la livre poursuivait sa chute, tous deux affectés par les impacts de ces mesures fiscales.

Alors que la Banque d’Angleterre devait commencer à alléger son bilan, elle est intervenue en urgence et a annoncé qu’elle ferait l’inverse avec un programme d’achat d’obligations d’État afin de contrer la hausse des taux longs.

La banque d’Angleterre contrainte d’appuyer sur le frein et sur l’accélérateur, il n’en fallait pas plus pour que les marchés s’affolent (et capitulent?).

Pour autant, ce qui est sûr et rassurant, c’est que le « Whatever it takes » lancé par Mario Draghi en 2012 pour sauver l’euro, est désormais ancré comme la devise de l’ensemble des Banques Centrales, dans toutes circonstances. Depuis près de 15 ans, elles ont soutenu la croissance mondiale en injectant massivement des liquidités et en maintenant les taux à leurs plus bas ; elles luttent désormais contre l’inflation whatever it takes.

Alors oui, le contexte de marché reste difficile et malgré la forte baisse depuis le début de l’année, tant sur les marchés actions que sur les marchés obligataires, la volatilité restera de mise tant que des signaux fermes et persistants de baisse de l’inflation ne seront pas visibles. Et cette baisse de l’inflation ne se fera pas sans endommager la croissance mondiale.

Pour autant, les marchés semblent avoir déjà intégré cette nouvelle donne ainsi que des perspectives à court terme peu florissantes.

Les points bas atteints fin septembre et le désengagement déjà effectif de beaucoup d’investisseurs avant l’été  pourraient servir,  pour le premier comme point d’entrée intéressant, et pour le second comme soutien.

 

Rédigé le 3 octobre 2022

L’équipe de Multigestion